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5 célébrités méconnues qui ont fait le Cap d’Antibes

Des survivants. Grâce à son travail, Nathalie Aguado redonne vie au patrimoine local. Via son ouvrage Les secrets des villas du Cap d’Antibes (éditions Akinome, 44 euros), l’écrivaine livre une enquête, fruit d’un travail de 3 ans. Bien loin du catalogue historique, l’auteure raconte une vaste saga. Derrière les larges portails, des femmes et hommes qui ont fait l’histoire avec un grand H. Des anonymes de renom, des célébrités tombées dans l’oubli, des noms que l’on pensait trop loin d’ici.

Un Sir, sulfureux propriétaire de la légendaire villa Eilenroc

Un nom au détour d’une vaste histoire. De la villa Eilenroc, on pense tout connaître. Et pourtant, un personnage sulfureux semble comme effacé du tableau. “On ne fait que citer son nom, mais on ne parle pas de son parcours”, lance l’habitante du cap qui dévoile un destin hors du commun. Celui de Sir Coleridge Kennard, troisième propriétaire de la villa Eilenroc. Pas du genre discret. Ni du genre gentleman d’ailleurs.

S’il grandit dans la splendide bâtisse néoclassique qui lui appartiendra en 1915, le Sir n’a pas su la garder. Il brûle la vie par les deux bouts et perd la maison et ses 11 hectares de parc au jeu. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa vie de dandy en collectionnant les maîtresses et participant aux concours d’élégance automobile. Malgré son mariage avec une jeune femme richissime, la ruine le guette. Lorsque les Allemands arrivent au cap, il refuse d’évacuer. Il sera emmené manu militari dans un camp.

De Rosine à Rose-Marie: la revanche d’une fille-mère

L’histoire de Rosine prouve que l’on peut aisément se passer de prince charmant. La jeune femme tombe enceinte, c’est l’effroi. Il faut fuir Cannes: le qu’en-dira-t-on est déjà à ses trousses! Le père de son enfant n’est autre que son patron. Domestique, Rosine fuit Cannes avec lui. Il achète une maison au chemin des Nielles, un coin perdu au milieu des terrains d’agriculteurs. Un foyer dans lequel deux autres enfants considérés comme illégitimes naîtront. Le vieux bourgeois n’en assumera jamais la paternité et refusera de les reconnaître. Ne se sentant pas respectée, Rosine développe un huis clos. Elle invite ses propres parents à s’installer dans la villa. L’ambiance est lourde, le propriétaire vit mal la situation. Les tensions sont visibles. “Lors du recensement, il déclarera Rosine comme étant toujours sa domestique et non sa compagne”, souligne Nathalie Aguado. Lorsque le lâche décède, Rosine récupère un testament non enregistré. Elle est riche. Le salaire de tant d’années de tristesse. Intelligente, elle revend cette maison de malheur pour acheter des terrains sur le cap. Elle construira une bâtisse: la villa Rose-Marie, son nouveau prénom de dame du monde.

Mes chers voisins: le communisme et le gotha se côtoient

La politique ne rapproche pas les voisins, le goût des mêmes plaisirs de la vie si. Preuve en est: au cap d’Antibes, des communistes pur jus ont côtoyé tout le gotha! “Le fils de Trotski, Lev Sedov, venait y passer ses vacances dans une pension de famille”, soulève l’écrivaine qui cite également l’ancien leader de la Ligue communiste révolutionnaire, Alain Krivine, comme un visiteur régulier. Tout comme Louis Lecoin, connu pour ses positions pacifistes et antimilitaristes. Il séjourne à la villa Marie: “Dans ses lettres, Léon exprime sa peur d’être assassiné par Staline. D’ailleurs, il en était tellement persuadé qu’il pensait que la propriétaire de la pension qu’il occupait au cap pouvait être une cible de gouvernement bolchevique!”

Déracinée, Hermine Kazazian trouvera racine dans l’allée

Hermine Kazazian. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, c’est elle qui a donné (de son vivant!) son nom à l’allée Hermine. Dans les années 50, cette femme achète une petite villa – La Croûtonade –, située dans cette impasse sans nom. Née en 1913 à Constantinople, elle fuit avec sa famille après avoir échappé au génocide arménien. Fille de diamantaire, elle s’épanouit à Paris en tant que modiste au 12, rue de la Paix. Nina Ricci, Édith Piaf… Son second époux fait fortune dans le pétrole, sa carrière dans la mode est une réussite.

En achetant une villa sur la Côte d’Azur, le couple reçoit le gotha. Des grandes soirées où Charles Aznavour comptait parmi les invités. Quant à Hermine, les années sont passées. C’est en Espagne qu’elle s’en est allée pour de bon.

Blanche, l’ésotérique au cœur brisé en mille morceaux

Avant, elle trônait en reine au début du chemin des Sables. Juste au niveau du rond-point permettant de s’engager sur le cap. Démolie, la villa Nosnibor est peut-être la plus mystérieuse de toutes.

Blanche Rondeau y a habité, y a souffert. Folle amoureuse d’un officier de marine, elle vit le drame shakespearien. La famille de son cher et tendre s’oppose à leur union. Lui, doit partir en mission. Elle, se retrouve seule.

Le cœur en miettes, elle rencontre son futur époux, l’industriel Amédée Rondeau. Un an après les noces, l’officier revient. Effondré de voir Blanche mariée, il se rend chez elle et s’y tue d’un coup de revolver. Face à ce spectacle désastreux pour sa réputation, Amédée prend la décision de bannir sa femme. Il achète la villa Nosnibor et l’y installe.

Désespérée, la belle Blanche voit même sa beauté bafouée: un lupus tuberculeux recouvre son beau visage. Elle se cloître dans cette villa, tire les rideaux, cherche l’obscurité pour pleurer son amour.

Afin de pouvoir le retrouver, elle s’intéresse à la nécromancie, au spiritisme, aux philosophies orientales. Sa passion intrigue: la société mondaine se pâme pour être invitée à des séances, à des discussions. L’ésotérisme incarné, Blanche reçoit, s’entoure. Elle doit même chasser un gourou se revendiquant être le seul connaisseur de la vraie doctrine de Bouddha.

Au gré des mois, la branche théosophique d’Antibes s’impose comme une des plus importantes de France. Un rayonnement qui s’éteint au décès de Blanche en 1945. Abandonnée, la maison fut rachetée trois millions de francs pour être détruite.

Nathalie Aguado sait raconter. Par sa plume, c’est indéniable. Mais aussi par sa voix. Profondément habitée par son travail d’enquête, elle s’est entichée de certains personnages historiques, elle est tombée amoureuse de quelques villas… Alors, c’est certain, la rencontrer est une expérience. Et c’est justement ce que propose la librairie La Joie de Lire à Antibes.

Vendredi 26 mai, l’auteure y assure une séance de dédicaces à partir de 15h. Pour les retardataires, une deuxième session est déjà programmée pour le samedi 3 juin. Elle sera aussi à la librairie Dernier rempart, ce samedi 14h. Et vous pouvez trouver son livre également à la librairie anglaise rue Clemenceau.

https://www.nicematin.com/belle-histoire/5-celebrites-meconnues-qui-ont-fait-le-cap-d-antibes-849644

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